Quand je suis arrivée sur Postcrossing, j'ignorais absolument tout des différentes sortes de cartes postales, du camp pro-vue et du camp pro-illustration, j'ignorais d'ailleurs tout des illustrateurs. Et j'en savais assez peu sur la carte postale en général.
Enfin ça n'est pas complètement vrai non plus.
J'ai toujours acheté des cartes postales de mes voyages, celles que j'ai envoyées, et celles que j'ai gardées. C'est surtout des vues, et des cartes achetées dans des musées et autres lieux de visite. Et puis il y avait ces cartes bizarroïdes, il y a toujours d'ailleurs, celles qu'on envoie de préférence aux amis et à des gens qu'on connait bien, comme certaines cartes pas piquées des vers qu'on trouve à la librairie de Beaubourg par exemple. Je me souviens aussi avoir envoyé à une amie dans les années 90 une longue lettre rédigée sur une quinzaine de cartes "Nouvelles Images multiples" (j'ignorais alors cette appellation), juste pour changer du papier à lettres.
recette du coq au vin
une carte des éditions Mirontaine (RIP)
Mes premières cartes envoyées par Postcrossing sont des cartes achetées avant de connaître le site.
Ici j'envoie
une aquarelle de Menton achetée quelques années plus tôt ; là c'est
une carte achetée je crois au Louvre et que j'avais depuis 10 ans ; ou celle-là,
qui venait du MNHN ; là encore je recycle
une carte ramenée d'Allemagne après un séjour chez Christine et Bernd, juste parce que la postcrosseuse disait aimer l'Allemagne, car pour le reste j'avais bien intégré
le diktat la règle du
from country of origin, bien qu'encore très newbie.
Au début, on commence par puiser dans ses réserves, on vient juste de découvrir le site et on saute sur la première carte comme un cowboy sur son cheval, vite vite il faut qu'elle parte. J'avais découvert le site par Wikipedia, qui en parlait à l'article sur le
bookcrossing, comme étant une activité cousine (et, croyais-je, moins chronophage !).
Comme je suis curieuse et comme tout ce qui vient
d'Angleterre du Royaume-Uni me passionne particulièrement, j'ai commencé par arpenter les galeries, notamment celles du pays susdit, et par "liker" des cartes, que j'ai trouvées marrantes, très loin de la carte postale tradi, avec cet humour, cette autodérision, ou bien cette description si juste des choses de la Grande Ile.
Il y en a un bon paquet dans mes cartes préférées. Je crois bien que c'est par les Anglais que je suis tombée dans la marmite de l'illustration. L'histoire n'est pas totalement claire ni parfaitement documentée, mais c'est comme ça que je m'en souviens en tous cas.
Une piqure de rappel ces derniers jours m'a été administrée quand j'ai appris qu'
un gros éditeur allait fermer, dont les cartes de la catégorie vintage/illustrations figurent parmi mes préférées depuis mes débuts en postcrosseries.
une vue de la Conciergerie sous influence Instagram
Et puis les cartes ont commencé à arriver, et j'ai commencé moi-même à en acheter et je suis entrée dans le bain. A ce stade l'illustration était devenue vainqueur par K.O.
Quand je pense aux milliers de photos que j'ai pu faire dans ma vie, notamment de Paris, c'est un peu étonnant, mais c'est comme ça, j'ai découvert un nouveau monde.
Parmi celles que j'ai envoyées, il y a eu bien souvent
des séries. Je crois que l'esprit humain aime bien cette idée de collection, de thématiques, de choses qui s'inscrivent dans un ensemble, et c'est pareil avec les cartes postales, on se prend à rechercher celles qui appartiennent à un ensemble.
Un des premiers ensembles que j'ai envoyé, c'est une jolie et triste histoire, ce sont les cartes postales reproduisant des
aquarelles de Marie-Claude Guérineau. Cette personne a illustré un livre qui s'appelait
Mammifères carnivores de France, et ces illustrations ont été reproduites également
sur cartes postales.
Je suis tombée dessus en novembre 2013, époque où je commençais tout juste le Postcrossing, en visitant le
salon Marjolaine. Dommage d'ailleurs, le stand des cartes postales n'y est plus ! Cherchant à en trouver d'autres, j'ai écrit à l'éditeur, les Editions Méloé, qui m'a appris qu'ils n'existaient plus (retraite, apparemment) et m'a très gentiment envoyé plusieurs cartes, qui ont eu besoin de quelque aération hi hi, ils avaient dû les stocker au grenier... J'en ai envoyé plusieurs, et il m'en reste toujours un jeu que je m'étais juré de garder mais c'est pas sûr, il sera peut-être aussi envoyé. Le bonheur est dans l'envoi plus que dans la conservation, je crois.
Je trouve que ça commence à faire beaucoup d'éditeurs de CP qui disparaissent. Zut de zut.
Le jaguar "Aramis" du parc zoologique de Vincennes
Un autre éditeur n'a pas disparu totalement mais est passé dans le giron d'un autre, c'est les
Editions du Désastre et
leurs si belles cartes carrées. Je crois que c'est pareil pour
Nouvelles Images qui était, lui, annoncé en liquidation judiciaire, mais qu'on trouve encore notamment au BHV par exemple.
Parmi d'autres séries envoyées, il y a eu les
cartes à peindre, les cartes des
éditions de l'abbaye d'En Calcat. Citons aussi les
cartes des
Editions du Marronnier et des
éditions Gulf Stream chez lesquelles je commande encore régulièrement. Les Gulf Stream sont très sympas même si je ne les trouve pas suffisamment épaisses, mais elles sont un assez bon moyen d'envoyer sa culture (sa faune, sa flore, ...) au bout du monde.
J'ai plus de problèmes avec les
éditions Côté Bord'Eau qui ne vendent qu'aux professionnels, j'avais trouvé
un détaillant rue Lecourbe, mais il a fermé boutique pour être remplacé par un restau rapide, grrrr.... Pourtant leurs
cartes de recettes sont très sympas, j'ai même écrit à l'illustratrice mais l'adresse qu'elle m'a donné ne vend que des pin's et pas de cartes. C'est un chemin laborieux... J'ai mis la main sur 3 d'entre elles rue Lecourbe mais cette série en comporte beaucoup plus que j'aimerais bien trouver...
Trouver des cartes de recettes de cuisine n'est en général pas facile, il semble que ce soit plus accessible en province (avec des versions photo,
plus traditionnelles mais souvent
assez sympas).
Les Allemands ont eux aussi des cartes de recettes issues de l'illustration, mais qu'on ne voit pas assez souvent.
En voici une par exemple dans ce qui est une série de la même illustratrice. Les Américains vantent assez bien leur spécialités locales et je me souviens avec beaucoup de reconnaissance de cette Texane qui m'avait envoyé dans une même enveloppe plusieurs
cartes de recettes formidables, non sans oublier la Louisiane voisine. Il faudra que je fasse un post dédié aux cartes de recettes et autres cartes de bouffe parce que j'en ai reçu pas mal, de tous les coins du monde, et j'ai parfois rêvé d'en recevoir aussi certaines, ça viendra peut-être un jour, qui sait :)
Les Editions du Phéromone
Et puis il y a ou plutôt il y avait mes chères éditions Mirontaine,
qui n'ont pas fait que des
cartes de recettes mais dont la
qualité et la
joliesse étaient très grandes, éternels regrets. On est en train de visiter un cimetière, dirait-on.
Toujours dans les séries, on trouve bien sûr
les chats de
Séverine Pineaux, cette
nouvelle série de Gwenaëlle Trollez,
à dominante "Atlantique" ou encore ces
cartes rectangulaires aux
bords arrondis (Izou aux Editions des Correspondances).
J'ai l'impression de me faire le VRP de toutes ces boîtes et artistes, mais après tout, why not, il s'agit d'un secteur qui ne va pas pas forcément très fort comme tout ce qui a trait à l'écrit, tout en ayant une grande créativité, et qui est aussi une grande part de notre loisir (l'autre étant l'écriture elle-même, ça aussi, ça devrait faire l'objet d'au moins un post !).
Parmi les petits éditeurs, j'ai découvert au salon du livre de la jeunesse de Montreuil les Editions Oui'Dire. A la base, ils font des CD d'histoires pour petits et grands, mais il y a un prolongement avec quelques
cartes postales d'illustration que j'aime beaucoup. Chacune est associée
à un conte.
Je n'arriverai pas à tout citer, mais je voudrais parler de Philippe Debongnie, un Belge qui a fait des cartes pour les Editions de Mai (celles d'Amandine Piu et ses pubs détournées) : il a un univers tendre,
pathétique, qui fait sourire, même si je sais que certains n'aiment pas les animaux habillés, je trouve qu'il touche assez juste, parce que derrière l'animal, on voit l'humain, comme avec
ce jeune veau à l'air imbu de lui et sans doute aucun :)
carte achetée à la BNF
Il y a les
curiosités de la BNF, de feu les éditions du Phéromone,
la série des poissons du MNHN, de l'
illustration vintage encore, et puis
Titi Pinson encore une maison d'édition qui propose des
trucs chouettes.
Il m'arrive aussi d'aller puiser dans les pays d'à-côté (ou plus loin), avec
Mila Marquis, ou encore avec
Alice de Macmillan (très
chouette série trouvée chez un
libraire de Ménilmontant qui propose souvent des cartes anglo-saxonnes) ou la série
The Parisianer qui m'a pas l'air fabriquée ici mais j'ne sais
point trop les sujets eux, le sont bien ! Et bien sûr chez les Suisses Plonk & Replonk ou les Belges et leur
histoires de pieds qui s'emmêlent dans quelques spleen du bas pays... et chez Tintin bien sûr. Sans compter la boîte de
cartes américaines trouvée sur amazon,
Pattern box, ou bien les
cartes littéraires achetées en égrené chez le libraire de Ménilmontant. Et last but not least,
les vaches d'Ecosse trouvées au salon de l'agriculture (pour de vrai et en version papier aussi) !
Et puis il y a une carte que je n'ai pas reçue ni envoyée, mais qui est certainement
une des plus belles que j'ai pu voir, elle est envoyée de Russie.
Pour rester dans les séries, mais hors illustration, notons les cartes photographiques du parc zoologique de Paris. Il a été longtemps fermé pour travaux, puis a réouvert il y a 3 ans environ. J'y suis revenue à deux reprises, et la dernière fois, en début d'été, j'ai trouvé
des cartes de meilleure qualité, même si les bébés lynx n'étaient pas encore à l'honneur. D'ailleurs quand je regarde le nombre de cartes d'animaux que j'ai envoyées, toutes catégories confondues, c'est assez impressionnant !
Et les
vues alors ? Eh bien, c'est un peu plus compliqué ! J'ai d'emblée évité d'en envoyer, n'étant généralement pas satisfaite des cartes photos de Paris que je trouve trop plan-plan. J'ai contourné le problème en envoyant des
vues naïves, mais ça n'a duré qu'un temps et je m'en suis lassée.
Il y a bien sûr Aquarupella qui offre
quelques vues fantastiques de France (je n'ai pas essayé pour Paris, je crois edit : si,
en voici une) mais aussi parfois
exotiques, et je sens que ces dernières n'enthousiasment pas (mais puisqu'on te dit que c'est
from country of origin !). Et puis on tombe dans un écueil avec eux, c'est souvent des multi-vues, et pas beaucoup n'aiment cela, même si les Aquarupella sont tellement belles et bien fichues que le fait qu'il y ait plusieurs vues ne gène pas à mon sens, parce qu'elles sont harmonieuses et cohérentes (mêmes univers, thématiques, couleurs, ...).
Il y a International Graphics qui chasse aussi bien sur les terres
de la photo que de l
'illustration.
Et puis de temps en temps une vue offre
un angle différent.
les ponts sont toujours spectaculaires, surtout le bon vieux Pont-Neuf, en vue ou
en illustration. Et puis
les ponts, c'est Unesco (enfin, je crois, les rives de la Seine le sont, les ponts sont peut-être inclus).
Le
noir et blanc tient assez bien la côte quant
à lui.
Certains s'essaient à de nouveaux styles : les
couleurs saturées façon instagram (ou comme la Conciergerie, plus haut) ou bien les cartes
façon Polaroïd, mais avec très peu de place pour l'adresse et pour écrire ! Les
aquarelles aussi ne sont pas rares.
On peut contourner le problème de la vue en envoyant
une carte... Celle-ci m'a fait l'effet d'une madeleine de Proust la première fois, gros retour nostalgique sur l'école primaire où on avait une (grande) carte semblable dans la classe pour apprendre la géographie. On a aussi
le plan et la gravure historique... Le
plan façon illustration...
Et l'illustration tout court ! Ici encore avec
Notre Dame, Il existe aussi les cartes anciennes
reproduites, qui présentent les lieux touristiques... Ou bien l'
art de vivre supposément parisien ! Et par glissements progressifs, on se retrouve
chez les maîtres pour montrer sa ville, ou
chez les anciens.
Editions Mirontaine
Pour finir, deux remarques à propos des cartes de vues :
Récemment une personne demandait à ce qu'on lui envoie une carte "boring" et qu'on lui explique en quoi on la trouvait telle. Je n'ai pas eu de mal à lui envoyer
celle-ci. Elle illustre parfaitement ce que je n'aime pas, une mauvaise lumière, des couleurs atroces et passées, délavées, verdâtres, et un manque de piqué. C'est sans doute (je me base sur les habits) une photo ancienne qui a été reproduite maintes fois, et alors même que le sujet n'était pas si mauvais au départ, l'aspect technique est calamiteux.
Récemment également, quelqu'un a fait la réflexion que je venais moi aussi de me faire, qu'on ne trouve pas toujours de cartes de sujets qui sont chouettes dans une grande ville et qu'on trouve par contre toujours les mêmes prises de vue.
J'y ai souvent pensé pour certains domaines : musique, cinéma, un peu moins pour la littérature.
Mais plus récemment aussi, je me suis dit que des coins entiers de Paris, cette ville qui a été photographiée des millions de fois, ne se trouvaient JAMAIS sur les cartes postales. Impossible de montrer la splendeur des
serres d'Auteuil par exemple (qui appartiennent à la
mairie de Paris pourtant) ou bien le charme de telle ou telle allée pavée ou cours intérieure, où les habitants ont mis plein de plantes comme cela arrive de plus en plus souvent. Je n'ai jamais vu de cartes de la
rue des Thermopyles. Et pourtant sur Instagram les vues de ces coins abondent. Les seules photos de marchés parisiens que j'ai trouvées sont vieillottes et dépassées, le sujet n'existe plus en cartes postales. Ne parlons pas des détails architecturaux qui abondent partout sauf sur les cartes, des nouveaux modes de vie et formes artistiques (jardins partagés, agriculture urbaine, street art, ...) qui ne sont pas disponibles non plus (sauf très rares cas). Et des nouvelles constructions, des parcs, des quartiers qui se sont créés ces dernières années, c'est fini, la carte postale ne sait pas les représenter, elle passe complètement à côté. Mais encore certains monuments très anciens ne sont pas non plus disponibles, comme la Tour Saint-Jacques, qui est pourtant le coeur et l'âme du vieux Paris et a une si longue histoire. Les cartes du Père-Lachaise sont pitoyables, archi dépassées et de très mauvaise qualité aussi.
C'est très très frustrant quand on veut montrer sa ville comme on la voit, comme on la vit, comme on l'aime, et non pas seulement comme un parc à touristes avec les mêmes sempiternels monuments.
Arrivederc
hi!