dimanche 14 novembre 2021

la carte postale sous l'Occupation, un aperçu

 Dans le livre d'Anne Berest, La Carte Postale, que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt et qui laisse sa marque longtemps après qu'on l'a refermé, un passage est consacré à la carte postale sous l'Occupation.

Tout est très cadré, pas question de raconter des choses hors des clous, puisque la carte postale est pré-remplie.

D'abord, elle est strictement réservée à la correspondance familiale.

C'est une carte dite interzone, car elle circule entre la zone occupée et la zone libre du pays, c'est le seul courrier autorisé à circuler entre les deux zones.

Il faut cocher des cases qui correspondent à la situation, avec une précision dans les détails assez grotesque (et qui le parait encore plus quand on est dans le contexte du bouquin).

On donne son nom, puis on choisit une situation :  

en bonne santé, fatigué, tué, prisonnier, décédé, sans nouvelles

On ne sait pas trop qui parle pour qui puisque certains choix impliquent à tout le moins une absence !

Ensuite on continue de cocher la bonne case :

a besoin d'argent, a besoin de bagages, a besoin de provisions, est de retour à, travaille à, va entrer à l'école de, a été reçu à

Puis vient le temps des salutations où la main continue d'être guidée :

affectueuses pensées, baisers.

La carte coûte 80 centimes, il semble qu'elle soit préaffranchie, et elle passe par la censure d'une "commission de contrôle postal" qui la détruit si elle semble douteuse.

Le livre intitulé Histoire de la poste dans le monde n'aborde pas directement la question de la carte postale, mais évoque le courrier et les colis pendant les guerres, et l'organisation qui s'est mise en place dans certains pays, ou encore concernant les prisonniers de guerre.

On peut voir une de ces cartes interzone ici par exemple.

Le musée de la carte postale avait aussi fait un article sur l'existence des cartes pré-remplies, qui ont été vendues à plusieurs époques, dans des circonstances moins dramatiques, et sans avoir de caractère obligatoire.  C'était même un sujet léger, matière à sourire.