samedi 4 mai 2024

"Will write soon"... quèsaco les RPPC ?

 "Les fabuleuses "photos postales" de l'Amérique de 1900", c'est sous ce titre que le magazine Beaux-Arts, dans son dernier numéro, rend compte d'une exposition qui a lieu à Guingamp jusqu'au 16 juin. 

Les Real Photo Postcard (RPPC) ont été largement utilisées dans l'Amérique rurale du début du 20ème siècle, où le téléphone n'avait pas encore pénétré, ni la radio, pour s'envoyer des nouvelles rapides et rompre l'isolement. Simples photos, comme leur nom l'indique, ce n'est que plus tard qu'elles ont été remplacées par des cartes postales telles que nous les connaissons aujourd'hui.

Ces clichés en noir et blanc, qui montrent des scènes de la vie de tous les jours sur des photos amateur, font l'objet de collections et d'études pour ce qu'elles disent de l'Amérique de cette époque. On y voit des bootleggers (contrebandiers), des trappeurs photographiés à côté de leur butin : rats musqués, ou encore des familles réunies sous le porche de la maison, la photo du puits qu'on a creusé, ...

Les messages sont brefs et ont pour but de donner des nouvelles rapides : "je vais bientôt écrire" (sous-entendu : une vraie lettre), "on a dû euthanasier le chien", on raconte la tempête passée pas loin, mais aussi le pays qui s'édifie : la gare en construction, etc. Ce sont les lieux éloignés, le grand nord, le wild west, et tout reste encore à faire dans ces vies de labeur rude.

Affranchies à 1 penny, elles sont abordables et voyagent vite, à une époque où la poste américaine a mis en place le "rural free delivery" : désormais le destinataire n'a plus à payer pour la délivrance du courrier, ni à parcourir des miles pour aller chercher ses correspondances dans la ville la plus proche.

Du coup, comme en France, on s'envoie une carte postale pour un oui ou pour un non, et parfois plusieurs fois par jour, ou à quelqu'un du même village... Une presque carte postale, plutôt, à partir de photos qu'on a faites soi-même, ou réalisées par des photographes locaux ou ambulants.

Ces RPPC vont de pair avec l'essor de la photographie, et notamment des appareils à soufflet Kodak très populaires et partout diffusés (je possède celui de mon grand-père, qui date de 1914), dont les tirages papier ont justement le format d'une carte postale.

Plusieurs musées américains possèdent ces RPPS, souvent léguées par des amateurs passionnés et connus, des philanthropes  qui leur ont donné leur  collection, ainsi du Getty Museum à Los Angeles, ou du Museum of Fine Arts à Boston, dont j'avais déjà parlé en raison de son importante collection de cartes postales. 

Les œuvres présentées à Guingamp viennent, elles, d'un collectionneur canadien qui s'est intéressé aux différents aspects de la photographie vernaculaire.  

Centre d'art GwinZegal 4 rue Auguste Pavie à Guingamp (Côtes d'Armor), jusqu'au 16 juin 2024.

gwinzegal.com